En 2014, Fabi Rettenbacher et Phil Rirsch se sont associés pour mettre en commun leur amour pour la musique et leur passion pour la pellicule. Appareil photo en main, le duo s’est mis en tête de capturer les nuances magiques et surréalistes qui tissent leur vie de tous les jours.

Pour célébrer leurs succès à deux, le 3 mars 2018, Fabi et Phil ont été les hôtes d’un vernissage rétrospectif au Studio P.T.O.F., leur nouveau studio et galerie au cœur de Vienne. Nous leur avons rendu visite pour discuter de surréalisme ordinaire, des histoires que raconte la photographie et de leur quotidien.

Est-ce une passion pour l’électroménager qui vous a fait choisir ce nom ? Quelle est l’histoire qui se cache derrière « Picture On The Fridge » ?

Cela nous est venu spontanément. On a toujours été fascinés par les images que les gens accrochent chez eux, chacune racontant sa propre histoire. Parce qu’on est généralement plus intéressés par les émotions qu’une image évoque, que par sa composition à proprement parler.

Votre studio est juste à côté du célèbre Naschmarkt de Vienne. De quelles manières cette ville vous inspire-t-elle ?

Nous avons grandi à Salzbourg et avions très envie d’étudier dans une plus grande ville. Aujourd’hui, Vienne est notre maison. C’est un endroit fascinant. Même si elle est un peu trop grande pour l’Autriche, ce n’est pas une ville démesurée en réalité. Tant de choses nous inspirent ici - la ville elle-même, sa mentalité, son intimité, son côté parfois un peu délabré, et bien sûr, sa beauté.

Lorsque l’on capture un moment, on évite de trop réfléchir à la composition pour lui laisser sa spontanéité.
Picture On The Fridge

Votre exposition actuelle met en scène les œuvres que vous vendez chez JUNIQE. Comment avez-vous sélectionné ces œuvres ?

Nous avons tenté de trouver un équilibre entre des pièces datées et certaines plus récentes. La sélection est une rétrospective du travail que l’on a fait avec JUNIQE. Nous voulions choisir des photos qui se suffisent à elles-mêmes tout en pouvant se fondre dans une esthétique collective. Le résultat est qu’elles communiquent entre elles à travers ce qu’elles ont en commun.

Vos photographies couvrent tout, de chaudes journées d’été au bord de la piscine à des sommets enneigés en passant par des portraits de caractères bien trempés. Quel est le fil d’Ariane qui relie tout cela ?

On aborde chaque photo que l’on prend avec une approche différente. Nous nous sommes fait un devoir d’extraire une touche de surréalisme de notre quotidien. Ce faisant, nous essayons de mêler réalité et utopie pour créer une harmonie. Lorsque l’on capture un moment, on évite de trop réfléchir à la composition pour lui laisser sa spontanéité.

Photographie, vidéo, musique - votre portfolio est extrêmement diversifié. Lequel de ces trois médiums vous tient le plus à cœur ?

Pour nous c’est la somme des trois. Il y a des moments qui se prêtent particulièrement à chacun d’entre eux. Parfois ces moments se juxtaposent et des projets connectés les uns aux autres naissent ce cette juxtaposition. À nos yeux, un seul moyen d’expression ne suffit pas et Dieu merci, nous n’avons pas besoin de faire un choix entre l’un ou l’autre.

De toute évidence la production vidéo demande un véritable travail d’équipe, mais comment faites-vous pour collaborer sur des projets de photo ?

Nous faisons beaucoup de choses ensemble. Par conséquent, nous avons des perspectives différentes sur les mêmes expériences. Ensuite on imprime les photos que l’on a prises chacun de notre côté et on les trie rapidement. Cela nous donne une vue d’ensemble sur la scène en question. Puis on essaie de chercher des similarités, contradictions, ou même des émotions. Dans le meilleur des cas, elles deviennent une série.

 

Votre portfolio comprend à la fois des photos argentiques et digitales. Comment décidez-vous quelle technique utiliser ?

Pour être honnête, ça dépend de l’humeur et de l’atmosphère. Généralement on va emporter nos appareils numériques les jours où l’on sait que l’on va prendre beaucoup de photos. Et nous avons tous les deux appris avec l’argentique, ce procédé nous suit encore aujourd’hui. C’est difficile à décrire. Parfois vous êtes simplement d’humeur pour l’un ou pour l’autre.

Quelles photos sont accrochées sur votre frigo ?

Aucune, pour être honnêtes. On ne serait pas capables de mettre autant de pression sur une photo. Mais ce serait aussi un peu morne si il était complètement nu, c’est pour ça que l’on a quelque stickers et une note postale que l’on nous a adressé un jour, à « Les Frigos ».

Merci, Fabi et Phil !

Texte : Valeria Sambale

Traduction : Diane Mironesco