Politiques, historiques, culturelles… les figures iconiques que peint l’artiste israélien Amit Shimoni font partie des êtres humains les plus célèbres qui soient. En les affublant des tenues emblématiques de la génération Y, les jeunes urbains nés après 1980, il met en lumière ce qui caractérise cette génération. Sans la critiquer ouvertement, il montre ainsi le décalage entre les idéologies, les époques et les personnes qui la font. Le résultat est saisissant de pertinence.

On a donc voulu en savoir plus sur cet artiste, qui fait partie - selon Forbes - des 30 israéliens de moins de 30 ans les plus influents du monde, et a été encensé par la presse internationale pour sa série HIPSTORY.

Salut Amit ! Comment choisis-tu les personnalités que tu as envie d’inclure à ton œuvre ?

J’essaye de trouver les figures les plus emblématiques qui soient. Des leaders dont les actions, aussi bien que leur apparence physique, sont connues et reconnues à travers le monde. Ensuite ils passent à travers mon filtre et obtiennent un petit relooking. D’un côté, j’essaye de séparer l’icône de sa personnalité. Mais de l’autre, j’essaye d’y rester fidèle, pour que la ressemblance soit claire. Je pense que c’est l’interaction entre ces deux niveaux qui donnent de l’intérêt à ces illustrations.

Quel est ton portrait hipstorisé préféré à ce jour ?

Et qui aimerais-tu dessiner en prochain ? Einstein, c’est sûr - il est l’un de mes plus récents et également le premier de ma série apolitique. Qui sera le prochain ? La prochaine figure non politique !


Est-ce qu’il y a quelqu’un que tu n’hipstoriserais jamais ? Et pourquoi pas ?

À la base, j’essaye d’éviter les personnalités trop controversés. Il y a beaucoup de gens en Israël qui me demandent de dessiner Benjamin Netanyahu - Bibi - mais cela ne va probablement pas se produire.

As-tu l’impression qu’il y a une part de controverse dans le fait de créer des dessins de gens qui sont pour certains les héros d’une vie et pour d’autres, d’innommables méchants ?

Oui certainement. Je ne suis pas indifférent aux réactions, parfois j’en reçois de très hostiles de la part de personnes qui détestent ou adorent ces personnalités. Cependant, le but de HIPSTORY est de parler de notre génération, la génération Y, qui est plus individualiste qu’idéaliste. J’essaye de trouver des leaders qui ont ou ont eu un agenda et des actions qui sont complètement distinctes, plutôt que des emblèmes de notre génération. Et c’est important de pointer du doigt le fait que je n’essaye pas de critiquer, mais plutôt de mettre la lumière et nous faire réfléchir sur notre propre génération et sa culture.

Pourquoi penses-tu que la génération Y est plus individualiste qu’idéaliste ?

Nous sommes trop exposés aux changements constants du monde dans lequel on vit - on ne parvient même pas à apprécier pleinement un événement qu’un autre est déjà en train de se produire ! Ceci, je pense, crée une atmosphère dans laquelle les gens sont en besoin permanent de changement, juste pour tenir le rythme. Peut-être que c’est la raison pour laquelle on essaye tant d’être uniques, en ce concentrant sur ce qui est cool aujourd’hui, et moins sur ce qui se passera demain.

Si tu n’étais pas un artiste, que serais-tu devenu ?

Si je n’étais pas un artiste, peut-être que je ferais quelque chose relié à l’agriculture, ou peut-être quelque chose en coulisses dans le showbiz. Mon aspiration principale est de faire partie d’un processus créatif, quel qu’il soit.

 

Où vas-tu pour puiser de l’inspiration pour les tenues hipster ?

Je suis beaucoup les magazines de mode et de design du monde entier, mais les moments « bingo » se produisent généralement dans la rue, avec les gens que je croise...

Bonnet ou moustache ?

Il fait tellement chaud à Tel Aviv, je n’imagine même pas un bonnet… alors je dirais moustache !

Merci Amit.

Texte : Diane Mironesco